Nombreuses sont les légendes qui font vivre le folklore du Haut-Doubs. Chaque coin de montagne, chaque source possède son histoire aussi énigmatique et enivrante soit-elle.
Laissez-nous vous conter les belles histoires qui ont bercé notre enfance.
Connaissez-vous la légende du lac de Damvauthier ?
Une légende rapporte qu'un soir d'hiver, une pauvre femme en haillons et pieds nus, serrant dans ses bras un tout petit enfant, quémanda un abri pour la nuit dans la ville de Damvauthier, au bord du Doubs. Les habitants lui refusèrent un à un l'hospitalité. Epuisée, désespérée, elle s'éloigna de la ville et pria le ciel de lui venir en aide. Soudain, un vieil homme nommé Saint Point, lui vint en aide et l'hébergea pour la nuit. Au petit matin, à leur grande surprise, ils découvrirent qu'un immense lac avait noyé la cité maudite. Parfois, quand vient le soir, on raconte que d'étranges silhouettes errent sur les rives, en poussant des soupirs. A la Toussaint, de sombres lamentations montent du fond des eaux. Les pêcheurs connaissent bien l'emplacement du clocher ; leurs filets s'y déchirent souvent.
En quête d'amour, avez-vous pris connaissance de la légende des dames d'Entreportes ?
Un sire de Joux avait trois filles : Loïse, Berthe et Hermance qui rivalisaient de beauté. Leur seul défaut était une extraordinaire coquetterie qui les poussait irrésistiblement à enflammer le coeur de tous les chevaliers et écuyers du voisinage. Quand leurs conquêtes étaient assurées, elles les délaissaient aussitôt pour exercer leurs charmes sur les malheureux qui osaient encore leur résister. Plus d'un noble prétendant put se croire l'élu de l'une de ces gentes dames, mais ses espoirs se brisaient toujours à la veille des noces. Cependant, trois jeunes seigneurs, les plus séduisants et les plus courageux du comté de Bourgogne, n'avaient pas abandonné l'idée de se faire aimer d'elles. Ils firent bonne garde autour du château, avec la bénédiction du sire de Joux qui rêvait secrètement de les avoir pour gendres. Mais en vain. Cédant à la colère et à l'impatience, le père décida que les vainqueurs d'un tournoi auraient pour récompense la main de ses trois filles et ce, bon gré, mal gré. On annonça la joute à plus de cent lieues à la ronde, mais peu de chevaliers se présentèrent, chacun connaissant trop bien l'humeur capricieuse et l'inconstance des belles demoiselles de Joux. La fortune des armes sourit à Bras-de-Fer, Raymond le Bossu et Hugues-au-Pied-Fourchu, dont la méchanceté n'avait d'égale que la laideur. Le jour des noces, les fiancées parurent voilées. Pour échapper à l'horreur de telles mésalliances, elles s'étaient fait remplacer par des servantes. La supercherie découverte, la poursuite s'organisa en direction de Pontarlier puis du défilé des Entreportes, où les seigneurs abusés les rejoignirent. Mais lorsqu'ils voulurent prendre dans leurs bras les demoiselles de Joux, ils n'étreignirent que... trois statues de pierre que l'on peut encore voir aujourd'hui et qui sont connues sous le nom de "Dame des Entreportes".
La légende de Berthe de Joux,
Amauri III de Joux se croisa vers 1170. Sa femme Berthe, à peine nubile, l'attendit plusieurs années lorsqu'un soir, un chevalier blessé se présenta au château. C'était le jeune Amey de Montfaucon, très beau garçon si l'on en croit la légende... Berthe, qui n'avait plus de nouvelles de Terre Sainte et croyait que son mari était tombé sous les coups des infidèles, se consola dans les bras de cet ami d'enfance.
Rentré alors qu'on ne l'attendait plus, Amauri surprit les deux amants. Ivre de rage, il transperça Amey de Montfaucon de trois coups d'épée et ordonna qu'on suspendît sa dépouille à un gibet planté sur les rochers de la "Fauconnière".
Quant à l'épouse infidèle, elle fut condamnée à être enfermée sa vie durant dans un minuscule cachot où elle ne pouvait se tenir qu'à genoux, face à une étroite meurtrière offrant pour seul spectacle le corps nu, disloqué et mangé par les corbeaux de son bel amour.
A la mort d'Amauri, le jeune Henri de Joux eut pitié de sa mère qu'il envoya finir ses jours "amendée" et repentie à l'abbaye de Montbenoît. Ce remord tardif près de la tombe d'Amauri ne fut peut-être pas suffisant pour apaiser la colère divine car, près de huit siècles plus tard, certaines oreilles exercées entendent encore, lorsque la bise souffle la nuit près du retranchement du Chauffaud :
"Priez, vassaux, priez à deux genoux, Priez Dieu pour Berthe de Joux !"
Conte ou histoire vraie ? L'existence de Berthe est attestée dans les chartes médiévales. Elle vivait encore à Montbenoît en 1228. Amey de Montfaucon, ou son homonyme, comte de Montbéliard, vivait au XIIème siècle. Quant au lieu-dit de la "Fauconnière, il tirerait son nom d'Amey de Montfaucon...
Une légende en entrainant une autre, connaissez-vous celle de la Source Bleue ?
Situé entre le village de Malbuisson est Montperreux, cette source est d'une teinte d'un bleu transparent pur.
Peu de temps après leur mariage, le sir Amauri de Joux dû quitter son épouse Berthe pour partir en croisade. Quelques années plus tard, un chevalier blessé se présenta au château de Joux : il s’agissait de l’ami d’enfance de Berthe, qui revenait lui aussi de croisade pour lui annoncer la mort d’Amauri. Il devint l'amant de Berthe. Un beau jour, alors qu'on le croyait mort, Amauri rentra et surprit les deux amants. Ivre de rage, il fit pendre l'amant et fit enfermer Berthe dans un minuscule cachot du château. Quelquesfois par jour, Berthe était autorisée à sortir pour qu'elle voie, par la fenêtre, la dépouille de son amant. Berthe en pleura tellement que le bleu de ses yeux colora la source.
La légende de la source intermittente de Fontaine Ronde,
Après avoir enfermé sa femme Berthe dans un étroit cachot, Amauri III de Joux, de retour de croisade, devint incapable de se satisfaire de la vie monotone que ses aïeux avaient toujours menée au château. Sa principale distraction était de passer des journées entières à cheval, par monts et par vaux.
Son coursier préféré était une jument arabe qu'il avait ramenée de Palestine. Un jour qu'il la montait, la lourde herse mal accrochée s'abattit aussitôt après la sortie du château et coupa l'animal en deux. Hanté par ses sombres pensées, le seigneur ne perçut pas l'accident et continua sa course à un train d'enfer.
Arrivée à la Fontaine-Ronde, la jument (ou plutôt la demi-jument) se mit à boire avidement. Ne parvenant pas à lui faire relever la tête, Amauri descendit de l'animal et, épouvanté, s'aperçut que celui-ci ne possédait plus que ses pattes antérieures et que toute l'eau absorbée ressortait sous forme de gros bouillons sanglants de son ventre ouvert. Se signant, le sire de Joux regagna son castel.
Nul n'a jamais revu la jument arabe mais on sait qu'elle se rend périodiquement à la Fontaine-Ronde pour y boire. Sa soif est telle que la source se tarit très souvent. C'est du moins ainsi que les anciens expliquent son intermittence.
Le trésor du Mont d'Or...
Alors qu'il gardait ses moutons sur une des montagnes du Jura, un jeune berger vit un agneau disparaître dans un fourré. Poursuivant l'animal, il découvrit l'entrée d'une cachette où était entreposés plusieurs coffres d'or.
Devenu richissime, le berger crut pouvoir accomplir son rêve secret, épouser la fille d'Amauri, sire de Joux. Mais le cruel seigneur qui feignit d'abord d'accepter cette alliance, fit saisir le pâtre par ses gardes. Ceux-ci le torturèrent à mort sans pouvoir lui arracher son secret.
C'est depuis cette époque que cette montagne s'appelle le Mont-d'Or et si certains promeneurs paraissent absorbés par la cueillette des gentianes, c'est peut-être qu'ils continuent à chercher la mystérieuse grotte au trésor...
La légende de la Vouivre, au creux de la source du Doubs,
En Franche-Comté, nombreuses sont les sources qui ont vu être habitées par la Vouivre, aussi appelée "Dame des eaux". Elle aurait alors vécu au creux de la Source du Doubs. La Vouivre, serpent ailé, traverserait la nuit comme un trait de feu dans le ciel. A son front, une escarboucle, sorte de rubis qu'elle ne quitte que lorsqu'elle décide de boire ou de se baigner. Elle s'assure toujours de cacher ce précieux bijou dans la mousse, une touffe d'herbe ou bien sous des pierres. C'est alors le moment idéal pour le lui voler, mais prenez garde à ne pas vous faire voir ! La fortune est promise à l'audacieux s'il ne se fait pas prendre.